Gaël Turpo
- lapausemag
- 22 mai 2014
- 3 min de lecture
Une petite présentation de toi ?
J'ai 34 ans, je suis né à Paris. Je suis marié et père d'une petite Suzanne. En tant que photographe, j'ai intégré le studio Hans Lucas en début d'année.
Tu te souviens de ta première photo ?
C'est difficile à dire, je me souviens du premier appareil que j'ai acheté pour faire des photos, c'était lors de mon premier voyage au Pérou (mon père est péruvien). Mais je me souviens de la première série sur laquelle j'ai travaillé, qui a duré un an dans une classe de maternelle. C'était déjà des portraits.
Comment choisis-tu le thème de tes séries de photos ?
J'ai mis du temps à trouver les thèmes sur lesquels je souhaitais travailler. J'ai souvent essayé de définir des sujets qui pouvaient être facilement lisibles, mais j'ai toujours eu beaucoup de mal à me tenir au sujet que je m'étais fixé au départ. J'arrivais régulièrement à un endroit que je n'avais pas imaginé en commençant. Du coup, j'ai accepté que je pouvais me perdre, que je devais me donner une grande liberté et ne pas chercher à tout maîtriser. Mon travail aujourd'hui repose vraiment sur le hasard, sur la surprise, sur une sorte de joyeux chaos. À la fois, plus j'avance plus je suis précis sur l'univers qui m'intéresse, j'ai l'impression de mieux maîtriser les choses. Aujourd'hui, je ne travaille que sur une seule série qui mélange une approche autobiographique, documentaire et de mise en scène. L'absurde m’intéresse énormément, l’ambiguïté également. Mon souhait est de pouvoir créer un ensemble d'images réalisées dans des contextes très différents et qui suscitent des histoires farfelues, surprenantes. C'est surtout le portrait qui m'intéresse.
Tu as une formation de journaliste, cela influence tes photos ?
Oui, inévitablement. Je tente depuis quelques années de me défaire de tout ce que le journalisme m'a appris. Je ne suis plus dans la recherche du témoignage, je souhaite vraiment partager un univers qui est le mien, fait de rencontres, d'obsessions et de fascination pour certaines atmosphères. On renvoie souvent mon travail à une approche documentaire et je le comprends car mon regard se pose sur des situations du réel. Mais je ne crois plus du tout être dans une démarche journalistique.
Pour toi, qu’est-ce qu’une bonne photo ?
Il faut qu'elle soit honnête, que le photographe soit dans une démarche sincère dans ce qu'il fait, que ce soit de la photo de rue, de mode, du reportage, du portrait, peu importe si le photographe veut vraiment partager quelque chose qui lui tient à cœur, qu'il le raconte à sa façon sans essayer de faire comme, alors là ça me touche.
Quelle technique ? Argentique, numérique, smartphone... ?
Tout, je fais des photos tout le temps et avec des boîtiers argentiques et numériques. Mais mon travail le plus abouti est réalisé en argentique. J'utilise le numérique et mon smartphone plus comme des notes, des brouillons, des tests...
Des projets en cours ou à venir ?
Je souhaite continuer le travail que j'ai commencé il y a deux ans, réaliser des portraits de personnes que je rencontre par hasard où qui m'intriguent, de tenter de passer du temps avec eux et d'arriver à créer cette situation où tous les critères qui me tiennent à cœur soient réunis pour faire cette photo. Cette série est en constante progression et je ne me fixe pas de fin.
Des influences dans ton travail ? Des modèles ?
Il y a tellement de noms que je ne sais pas si ça a du sens de les donner. Je crois qu'au delà de la photo, tout m'inspire : un tableau, une lumière, un souvenir, une atmosphère, une situation. Je me nourris de beaucoup de choses. Mais il y a forcément des livres de photographies qui sont toujours très proches de moi, cela va de Diane Arbus à Juergen Teller en passant par Dirk Braeckman, Roger Ballen ou Boris Mikhailov. Je regarde vraiment beaucoup ce qui se fait en photo mais peu de nouvelles choses me touchent alors je crois que ce n'est peut-être pas un hasard si je reviens vers les grands classiques !
credit photo: © 2014 Gaël Turpo / Hans Lucas
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