Roy Lichtenstein au Centre Pompidou
- lapausemag
- 12 févr. 2014
- 2 min de lecture
Vous ne connaissez peut-être pas son nom, sans doute aussi difficile à retenir qu’à épeler, mais les toiles de Roy Lichtenstein sont reconnaissables au premier coup d’œil. Donald Duck, bimbo blonde, et autres comics américains, vous avez bien croisé quelque part une de ses toiles.
Lichtenstein superstar
Devant une telle affiche, qui promet de rameuter les foules, on part méfiant, de peur de trouver une exposition commerciale, uniquement faite pour remplir les caisses.
Quand un musée décide de parler d’un artiste mondialement connu il y a plusieurs solutions. Soit il tombe dans le cliché, n’apportant rien d’autre que la promesse de faire gonfler les files d’attentes. Soit il cherche un angle nouveau, un propos original qui nous fait redécouvrir l’artiste. Voilà en tout cas l’ambition de l’exposition qui, dès la première salle, veut nous montrer un Lichtenstein héritier du classicisme, critique de son époque, fils spirituel de Marcel Duchamp.
Qui est vraiment Lichtenstein ? Que nous raconte son œuvre ?
La société face à elle-même
À une époque où l’abstraction domine la scène artistique américaine, Lichtenstein cherche très tôt une nouvelle forme d’expression. Il se tourne vers les images du quotidien. Il tire son inspiration des publicités et des comics, la matière première de son œuvre. C’est l’ambition du Pop Art que de questionner la société en la confrontant à ses propres symboles, à ses stéréotypes. Très rapidement, Lichtenstein abandonne les images de Mickey pour des visages plus anonymes, plus universels. Au-delà de ce face-à-face entre la société et elle-même, Lichtenstein cherche rapidement à confronter la peinture à sa propre histoire. Il entreprend d’interroger l’art par l’art.
Toute une histoire de l’art
Il reprend alors les codes de la peinture contemporaine ou plus classique comme des toiles de Mondrian, de Picasso. Avec le motif du brushstroke, il revient sur le maniérisme et l’abstraction, sur le geste, l’acte de peindre. Il utilisera d’ailleurs cette technique à plusieurs reprises, à l’opposé de ce que l’on connaît de lui.
Au-delà d’une satire moralisatrice que pouvait faire Warhol de la société, Lichtenstein explore tous les media, les formes, les moyens d’expression mettant la peinture face à elle-même.
Il va proposer une réinterprétation des vues d’atelier de Matisse où il mélange les symboles associés à ce peintre, à sa propre peinture, en figurant, par exemple, son « Look Mickey ».
À la fin de sa vie, Lichtenstein, présente ce que l’on peut voir comme un condensé de son œuvre. Il se tourne à nouveaux vers l’art du paysage, le japonisme qui a inspiré les impressionnistes, les couleurs pastels de Degas, peint dans sa technique industrielle, mécanique, reproductible à l’infinie, et l’application de ses points Benday caractéristiques de toute son œuvre. Des points d’impression qui sont peut-être une modernisation du pointillisme de Seurat.
Le propos original est porté par une scénographie efficace, qui malgré cela n’aurait pas souffert d’une pédagogie plus poussée.
Arthur Le Gallou
Comentarios